
Session interview avec Jean-Luc Bideau
Prononcer le nom de Michel Hazanavicius du premier coup sans se tromper, analyser des gens en fonction de leurs baskets, apprendre que William Friedkin à tendance à piquer les passeports de ses acteurs ou encore causer football helvétique. A la lecture de ses lignes, il est fort probable que vous soyez un tantinet perdu quant à la thématique de l’interview. Et pourtant, c’est un bon résumé de l’entrevue que nous a accordé Jean-Luc Bideau lors de sa présence au VIFFF mouture 2020. Force est de constater qu’à 80 ans et accessoirement 55 ans de carrière au compteur, le genevois n’a rien perdu de son sens de la répartie. Florilège.
Pouvez-vous nous parler de votre prochain long-métrage, Maison de Retraite ?
D’après ce que j’ai compris le réalisateur Thomas Gilou a fait appel à moi car il m’a vu dans la série H mais bref, passons. Ce qui est drôle avec la distribution de ce film, c’est que pour une fois je suis un des plus jeunes du casting : Marthe Villalonga 88 ans, Liliane Rovère 87 ans, Mylène Demongeot 85 ans, Daniel Prévost 81 ans….
Le mec qui a le rôle principal, Kev Adams, la première semaine de tournage je ne savais pas du tout qui c’était. C’est en rentrant en Suisse que j’ai appris qu’il était apparemment très connu des jeunes. Dernièrement mon fils Nicolas m’a dit que Kev Adams a joué, bien joué qui plus est, dans un film du réalisateur français au nom impossible là….
Michel Hazanavicius ?
Oui voilà ! J’ai été assez surpris qu’il sorte de son registre habituel à savoir les comédies.
En parlant de comédie, quel est le dernier truc qui vous a fait rire Jean-Luc ?
Une dame avec un chien minuscule croisée dans la rue ! Je vais te dire quelque chose, si tu veux juger une personne que tu ne connais pas, analyse soit son chien, soit ses pompes ! J’habite dans un quartier à l’extérieur de Genève où il y a plus de chiens au kilomètre carré que d’habitants, donc j’ai de quoi analyser ! Autre exemple, niveau chaussures, si un gars porte des mocassins à gland, tu peux être sur qu’il vote UDC !
Sans transition aucune, le cinéaste américain William Friedkin a fait appel à vous pour le Convoi de la Peur sorti en 1977, pouvez-vous nous raconter la genèse de votre collaboration ?
Je me souviens que la directrice de production m’avait appelé pour me dire que Friedkin me voulait à tout prix dans son film. Jusqu’au début du tournage je n’y croyais pas ! Mes scènes se déroulaient uniquement à Paris tandis que les acteurs principaux dont Bruno Cremer sont allés en Amérique du Sud. C’est un spécial Friedkin hein, tu sais ce qu’il faisait pour éviter que les acteurs ne s’échappent du tournage en cas de mésentente ? Il confisquait leurs passeports jusqu’à que la dernière scène soit dans la boite !
Le film est bon, mais il a trop souffert de la comparaison avec Le Salaire de la Peur de Clouzot dont il reprend l’histoire. A l’inverse, je l’ai revu il n’y a pas longtemps et j’ai trouvé ma prestation terriblement mauvaise!
Une œuvre à nous conseiller ?
Je suis tombé sur un film nommé Moscou aller simple ! C’est drôle et émouvant, et assez rare pour être souligné, c’est une œuvre suisse. Alors bien entendu le film n’a pas du tout marché en salles mais c’est une bonne surprise ceci dit.
On va causer foot pour finir, un mot sur le Servette FC, dont vous êtes un grand fan ?
J’adore cette équipe même si j’ai l’impression que les meilleures années sont derrière le club maintenant. A l’époque de Jacques Faton, Jean Tamini… bref les grands footballeurs qui ont porté le Servette, il y avait une ambiance extraordinaire au stade.
Je trouve que la ferveur n’est plus la même depuis que le nouveau stade existe. La seule fois où je l’ai vu rempli de monde c’était République Tchèque – Turquie pour l’Euro 2008.
Devinette : Quel club je déteste ? C’est facile allez.
Le PSG ?
Bien sûr ! Quand ils ont perdu contre Munich en finale de ligue des champions j’ai pris mon pied comme jamais. C’est un ancien parisien qui marque en plus ! Mbappé est incroyable comme garçon mais l’entraineur du PSG, Thomas Tuchel que je trouve totalement nul, le fait jouer au centre, énorme erreur ! C’est sur l’aile qu’il est perforant ce joueur ! Étonnant de la part d’un ancien de Dortmund. D’ailleurs, pourquoi j’adule tant le Borussia Dortmund ?
Alexander Frei ?
Non Lucien Favre ! Il a fait un formidable travail au club comme joueur puis comme entraineur, j’adore ce mec !
BONUS : Certes le professeur Strauss de la série H est cultissime, mais Jean-Luc Bideau c’est aussi :
– Philippe Mansart (La Traque de Serge Leroy, 1975)
– Pierre (La Salamandre d’Alain Tanner, 1979)
– Papa (La vie ne me fait pas peur de Noémie Lvovsky, 1999)
– Le Père Fromenger (Ainsi soient-ils de Bruno Nahon et Vincent Poymiro, 2012-2015)
– Rosio (La Loi de la Jungle d’Antonin Peretjatko, 2016)
– Robert (Tambour Battant de Christophe Marzal, 2019)
Vevey International Funny Film Festival