
Interview de Gaspard Sommer
Deux années se sont écoulées depuis le dernier projet en date de l’éclectique genevois Gaspard Sommer. Celui-ci est de retour avec Les Couleurs Pastel, 15 titres introspectif tout en nuances. Doté de sonorités acoustiques sur fond de productions électroniques, l’album s’avère être l’une des bonnes surprises de ce début d’année 2022.
Racontes-nous la conception de ton nouvel album, Les Couleurs Pastel.
J’ai commencé à bosser sur cet album en 2019 avec pour volonté de revenir à un contenu davantage intimiste que mon projet précédent, Asking Questions qui résultait d’une expérience live. J’ai donc enregistré la maquette dans ma chambre d’étudiant, et de retour à Genève j’ai peaufiné les derniers détails. Les Couleurs Pastel est prêt depuis un an, alors en guise de mise en bouche j’ai sorti l’EP Nuances en 2020, dont les 4 titres figurent sur mon nouvel album.
Suite à tes précédents disques entièrement anglophones, celui-ci bascule du côté francophone. Comment expliques-tu cette transition ?
Un jour, la chanteuse Danitsa m’a simplement posé cette question : « Pourquoi tu ne chanterais pas en français ? »
Je me suis alors souvenu qu’à l’âge de 15 ans, j’avais déjà rappé en français.
Au final, qu’est-ce qui m’empêchait de le faire à nouveau ?
À l’avenir, il est possible que je reprenne le chemin anglophone, mais honnêtement, je suis assez motivé à poursuivre en français.
Retour dans le passé. Quel fut ton premier contact avec la musique ?
À quel moment as-tu décidé de te consacrer pleinement à cet art ?
Mon père est batteur de jazz, donc j’ai très vite tâté cet instrument.
J’ai souvenir d’une jam session qu’on faisait avec mon frère en étant plus jeunes, à base de percussions improbables, je me demande encore comment les voisins ont fait pour nous supporter ! Quant au déclic, il est intervenu lorsqu’à l’âge de 16 ans j’ai eu une année de libre entre mes études. C’est à cette période que j’ai décidé de m’orienter vers la musique, en m’inscrivant au conservatoire, le début d’une véritable passion.
Côté invités, on note la présence de la chanteuse Elena ainsi qu’Ike Ortiz sur deux pistes du projet. Comment s’est faite la connexion avec ces artistes ?
Elena est une pote d’enfance qui réside à Leipzig actuellement. Son univers musical est différent du mien car elle vient du Garage Rock. Ceci dit, j’ai toujours été impressionné par sa vibe. Un peu par hasard on a décidé d’enregistrer ensemble et le résultat est à la hauteur de mes attentes. Avec Ike Ortiz on s’est rencontré à l’époque des Colors Party au Chat Noir de Carouge. Je n’avais pas de track spécifique pour lui, on s’est juste posé chez moi, et l’alchimie est venue naturellement. En une après-midi c’était bouclé.
Comment s’est déroulée la création du clip onirique Vidéo Club ?
J’avais quelques idées de base en tête, afin que la vidéo colle à la thématique atmosphérique du morceau. Le réalisateur du clip, Alban Delachenal, a totalement capté mes attentes.
On a fait deux jours de tournage, principalement à Genève pour les plans en extérieur ainsi qu’au Théâtre les Salons. On a également investi le Palais Rumine de Lausanne pour certaines scènes en intérieur. Enfin, les visuels de la voiture enveloppée d’un manteau nuageux ont été entièrement conçus en 3D !
Coutumier des collaborations avec la scène locale genevoise, quel bilan fais-tu de l’expansion de cette dernière ? La suisse peut-elle briller hors frontières ?
On a des compétences solides ainsi qu’un vrai vivier créatif ici. De plus en plus d’artistes locaux ont réussi à se faire un nom à l’étranger, donc je pense qu’il suffit d’y croire tout simplement. Le clivage actuel entre la suisse et le reste de la scène internationale peut être un bon vecteur de détermination.
Pour terminer, quels sont tes trois albums de chevet ?
Déjà, Atliens d’Outkast. J’ai énormément écouté ce groupe et toujours salué leur style singulier : un bon mix de rap, jazz, fusion et soul. J’ajouterais l’album éponyme de James Blake et pour finir, Hejira de chanteuse folk Joni Mitchell.
Les Couleurs Pastel de Gaspard Sommer.
Disponible depuis le 11 février 2022.