Charles Gachet-Dieuzeide : Réduire l'impact carbone de l'audiovisuel
Tour à tour régisseur, producteur puis entrepreneur, Charles est arrivé dans les coulisses du cinéma un peu par hasard. Il a 19 ans quand il décide de s’établir le plus loin possible de la France, pour fuir un deuil trop douloureux. Ce sera l’Australie pendant une année : les cours d’anglais, le surf, les rencontres. À Sydney, son colocataire s’apprête à réaliser un court-métrage de fiction. Il lui propose de le produire. Charles plonge alors dans un monde qui va le passionner, au point de vouloir le transformer radicalement.
De retour en France, le jeune autodidacte intègre une école de cinéma puis multiplie les contrats en régie audiovisuelle. Le redoutable de Michel Hazanavicius, la série Chef avec Clovis Cornillac, l’émission documentaire Rendez-vous en terre inconnue… chaque tournage le stimule un peu plus. Mais Charles a une forte sensibilité pour l’écologie, qui petit à petit entre en friction avec son travail de régisseur. « Cela me prend aux tripes de voir que le monde ne change pas assez vite et qu’on va droit dans le mur, raconte le jeune homme. Il fallait que je bouge, surtout depuis que je suis papa. J’ai décidé de commencer par mon activité professionnelle.»
En 2018, le jeune homme cofonde, Secoya Eco-tournage, entreprise à mission qui accompagne le secteur audiovisuel dans sa transition environnementale et sociale par du conseil, de la formation et des outils innovants. Les débuts sont difficiles. « On était vus comme des aliens, se souvient Charles. Quel intérêt de changer ce qui fonctionne ? Mais j’y ai cru dur comme fer. On est tous en transition écologique, et bientôt ce sera un raz-de-marée. Tout le monde va devoir s’y mettre. » Quelques sociétés de production font finalement confiance à cet instinctif que rien ne semble arrêter.
«Sur chaque film, on arrive à réduire drastiquement l’empreinte carbone du tournage par des gestes simples, explique Charles. Bannir le plastique, proposer une cantine flexitarienne, élaborer un plan de mobilité à moindre impact carbone pour les équipes, choisir des fournisseurs locaux. » Pour démocratiser sa démarche écologique, Charles a aussi conçu un outil d’estimation carbone, que les sociétés de production peuvent utiliser en amont de leurs tournages.
Aujourd’hui, Secoya emploie six personnes, compte comme clients Canal Plus, Haut et Court ou encore Publicis, et son chiffre d’affaires ne cesse de grimper. Une conjoncture qui semble donner raison à cet entrepreneur inspirant et un peu à part, convaincu que chacun peut faire bouger le monde à son humble niveau.
Article d’Alice Khelifa /@alicekhelifa_
Crédit Photos : Secoya Eco-tournagee