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Charlotte Pilat : scènes de vie oniriques.

Lignes droites, plans symétriques, couleurs franches, esthétique rétro, sens du détail : au vu des photographies de Charlotte Pilat, difficile de ne pas se projeter dans un film de Wes Anderson. À mi-chemin entre carnet de voyage intemporel et clichés colorés, focus sur l’univers d’une artiste au cachet singulier.

Escapades argentiques 

Plage de Cabourg, été 2021. Malgré un climat plus que morose, Charlotte, toujours équipée de son appareil, s’apprête à capturer un moment furtif :   

« C’était très nuageux, la pluie menaçait et la plage était complètement déserte.  

Je ne pensais pas faire de photo ce jour-là. Pourtant en me baladant, j’ai croisé le regard de ce chien figé et j’ai appuyé sur le déclencheur. Ce que j’aime dans ce cliché, c’est un détail précis : la main de son maître qui semble lui ordonner de ne pas bouger. Sur le moment, je n’avais pas vu ce geste et c’est ce genre de particularité dont je raffole découvrir ! »

Cette anecdote résume à elle seule la proposition artistique de Charlotte, qui a très vite été sensible à l’art visuel, en premier lieu via les photos de vacances de ses parents, puis lors de ses années lycée : « J’organisais des shootings avec les moyens du bord en achetant des accessoires dans les vides-greniers et en prenant comme modèles ma petite cousine ou mon grand-père… J’avais une envie de monter des scénettes, de faire des sortes de films photographiques. » Cette première incursion se transformera bien vite en passion pour Charlotte, qui va enchaîner les shootings tout comme les voyages, et accessoirement lier les deux.

Son mode opératoire est à peu de choses près, toujours le même : « Je travaille de deux manières bien distinctes : d’abord, je sors régulièrement avec mon appareil autour du cou sans avoir d’idées précises en tête. J’ouvre grand les yeux et je me laisse surprendre par mon environnement. Aussi, je peux passer des heures sur mon ordinateur à faire de la veille, créer des moodboards, chercher des endroits inspirants ou chiner des objets pour mes futurs shootings. Après une session, je décharge mes photos, et quelques semaines plus tard, je les passe en revue et je sélectionne les plus pertinentes. Je retouche les photos en y accordant autant d’importance que lors de la prise de vue. J’ai alors besoin de m’approprier ce que je vois, de jouer avec les couleurs et de m’éloigner de la réalité. »

Passion
Wes Anderson

Des vastes contrées d’Islande en passant par les édifices tokyoïtes sans oublier les plaines désertiques de l’Arizona, l’artiste native d’Aix-les-Bains n’a eu de cesse de cultiver le côté  cinématographique de ses clichés, rendant les scènes du quotidien presque oniriques, point commun avec un certain… Wes Anderson.

Avec des plans reconnaissables au premier coup de mirette, les œuvres de ce dernier sont rapidement devenues cultes, comme en atteste « Accidentally Wes Anderson », beau livre qui compile les spots faisant écho à son univers.

Fan de la première heure, Charlotte voit souvent son travail comparé à celui du cinéaste texan :

« C’est très flatteur car ses images sont un vrai remède pour moi, tout est beau, soigné, et symétrique. Ses films m’inspirent à porter davantage d’attention aux détails qui m’entourent et me donnent envie de sublimer les objets et décors du quotidien. Mon film préféré est Moonrise Kingdom. Après visionnage, j’avais envie de danser sur une plage, partir à l’aventure sans regarder en arrière et surtout, devenir scout ! »

Rayon inspiration, celle qui officie comme directrice artistique en parallèle de son activité de photographe vante les mérites de l’univers coloré de Tom Haugomat, le style épuré de Romain Laprade, la douceur des clichés de Letizia le Fur, les morceaux de vie de Martin Parr ainsi que les peintures de David Hockney. Continuant sur sa lancée, Charlotte expose sa série de photographies « Beaux Rivages » depuis février à la galerie Poltred de Lyon.

Texte de François Graz /@highdillon

Photos de ©Axel Dadure et Charlotte Pilat

 

la grande motte Charlotte Pilat

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